Le roi crapeau à son bureau
CREATIVITE,  Organisation

Eat that Frog et Adieu à la procrastination du Créa.

Et si je vous disais qu’il existe une méthode pour surmonter la procrastination du créa. Ça semble trop beau pour être vrai ? Et pourtant ! Elle existe ! Et elle s’appelle “Eat That Frog” ! Bon, vous avez bien compris, avec un nom pareil, elle va forcément être difficile à avaler, mais qui sait ? Bien appliquée, elle pourrait bien être la solution à tous nos problèmes de productivité.

Finies les tâches que l’on reporte ad vitam aeternam, finis stress et culpabilité ! Alors pourquoi ne pas l’essayer ? Et si cette méthode pouvait transformer notre vie et faire taire enfin notre petite voix saboteuse qui nous entraîne à reporter toujours tout, tout le temps ? J’ai donc décidé de la tester et je vais vous expliquer comment.

Mais au fait, qu’est-ce que la procrastination ?

La procrastination (du latin pro « en avant » et crastinus « du lendemain ») est une tendance à remettre systématiquement à plus tard des actions, qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non. Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate. (définition wikipédia) Procrastiner vient du mot latin « procrastinare » qui signifie « remettre au lendemain », et partage également l’étymologie du terme grec « akrasia », qui signifie « agir à l’encontre de son meilleur jugement ».

« […] Je ne lis toujours rien, sauf les journaux, et je ne trouve le temps pour rien. Une immense paresse engourdit de plus en plus mon être, et la procrastination du vieux professeur réduit à zéro ma vie utile. Toujours ni but, ni volonté, ni plan, ni énergie, ni espérance ; vie au jour le jour et à vau-l’eau15. »

Journal intime d’Henri-Frédéric Amiel 

La procrastination, le syndrome du créatif.

Quand je lis cette citation, je me sens totalement solidaire de ce cher Henri-Frédéric Amiel. Même si presque cent cinquante ans nous séparent, nous semblons être touchés par la même “tragédie”, le même syndrôme.

Une femme assise  à son bureau en pleine procrastination du créa, fait un exercice d'équilibre surprenant avec son crayon coincé entre ses lèvres et son nez
Gros plan sur l'heure de la procrastination du créa qui tourne

Oui, la procrastination du créa, c’est une plaie. Parce que une fois les idées trouvées, il faut les mettre en oeuvre, passer à l’action… et là c’est à un autre problème auquel il faut faire face, ce n’est plus un problème de créativité mais d’ORGANISATION !

Pourquoi j’en suis venue à vouloir tester cette méthode anti-procrastination?

Si vous avez commencé à suivre mon journal chaotique de créa, vous avez pu découvrir mes premières pérégrinations. Vous savez donc qu’après avoir abandonné mon destin aux dés, j’ai décidé d’appliquer la matrice d’Eisenhower et de faire le tri entre mes taches importantes et urgentes. Malheureusement, après quelques jours d’essais, je me suis rendue compte que mes taches étaient beaucoup trop nombreuses.

J’ai donc pensé à utiliser la méthode de Marie Kondo, la grande prêtresse du rangement. Mais à l’évidence mon inconscient a résisté… beaucoup résisté. J’en suis arrivée à la conclusion que mes chaussettes (et mes taches) préféraient rester en boule… Vous comprendrez ce que je veux dire par là, en lisant : La créativité et la Méthode Marie Kondo, est-ce bien compatible ?

Malgré tout, si il y a UNE chose que j’ai retenue, c’est qu’avant de s’organiser, il faut avoir en LIGNE DE MIRE des objectifs précis (personnels et professionnels). Je me suis donc mise en quête de mes grands objectifs de vie. Et pour cela, j’ai alors commencé à écrire trois To-do listes : une à long terme, une deuxième à moyen terme et une dernière à court terme !

Mince, c’est fou ce qu’il y en a des choses à faire ! Et chaque jour, les trois listes s’allongent toujours un peu plus !!! Panique à bord : quels objectifs choisir ? Par où commencer ? Quand commencer ?

Demain ? Oui c’est ça, c’est peut-être mieux de voir ça demain… Hé bien justement, non ! Il est temps de s’y mettre, d’arrêter de repousser le crapaud et devinez quoi ? La méthode Eat that frog doit pouvoir vous y aider.

La méthode “Eat that frog” est-elle faite pour vous ?

Si comme moi, vous

  • vous sentez complètement dépassé par votre To-do Liste
  • abattez beaucoup de travail, mais bon sang ça ne vous rapproche pas pour autant de l’Objectif qui doit donner un sens à votre vie
  • avez du mal à décider sur quoi vous mettre à travailler et quand
  • n’avez pas encore trouvé la méthode de productivité la mieux adaptée à votre singularité, oui parce que you’re so special !
  • ET Enfin ! vous vivez votre lutte contre la procrastination comme une lutte de tous les instants !

Alors la méthode eat that frog est peut-être bien FAITE pour vous.

D’où vient le nom de cette méthode ?

La légende raconte que c’est Mark Twain, le célèbre auteur américain qui aurait inventé cette fameuse formule :

Si c’est votre boulot de manger un crapaud (“to eat a frog”), il est préférable de le faire le matin à la première heure. Et si votre boulot est de manger deux crapauds, il est préférable de manger le plus laid en premier.”

Mark Twain?

Rien n’est moins sûr pour les origines, mais l’idée me plaît assez que cela puisse venir d’un auteur de fiction du dix-neuvième siècle. Et puis, en 2001, parce qu’on n’arrête pas le progrès, un certain Brian Tracy, auteur en développement personnel, nous ressert le couvert et publie un livre intitulé “Eat That Frog ! 21 Great Ways to Stop Procrastinating and Get More Done in Less Time” ou “Avalez le crapaud, 21 bons moyens de d’arrêter de tout remettre au lendemain ” (en français).

Mais cette fois-ci, il applique l’idée de Mark Twain au monde impitoyable du business et de la productivité.

De quel genre de crapauds parle-t-on ici ?

Le “crapaud” c’est votre tâche la plus grande, la plus importante, celle que vous risquez le plus de remettre au lendemain si vous ne vous y mettez pas sur-le-champ. Il s’agit également de la tâche qui est susceptible d’exercer la plus grande incidence positive sur votre vie et votre réussite à un moment donné.

Parfois, il arrive que plusieurs crapauds vous courent après ! Dans ce cas, il faut prendre en priorité le plus gros, le plus laid. Courage, ce n’est qu’un mauvais moment à passer.

Les crapauds sont forcément liés à vos grands Objectifs de vie professionnelle et personnelle. Ils peuvent ainsi prendre des formes très variées.

Vous avez par exemple des crapauds administratifs (faire sa déclaration d’impôts ou celle de l’URSSAF …) des crapauds Santé (faire une séance de sport, aller à un rendez-vous médical…), des crapauds familiaux aussi et bien sûr, toutes sortes de crapauds créatifs (écrire un chapitre de son prochain livre, le synopsis de son scénario, faire la mise en couleur d’une planche, remplir un dossier d’appel à projet… ).

N’oubliez pas ! Tous ces crapauds sont des jalons sur le chemin de vos grands projets de vie, pour lesquels vous avez établi des objectifs. L’intérêt de cette méthode est de vous faire passer à l’action pour vous permettre de les réaliser.

Alors, à table et tordons le cou à la procrastination du créa

la table est mise avec un crapaud dans une assiette, encadré d'un couteau et d'une fourchette,  et en arrière plan l'écran d'un ordinateur de bureau.

Vous êtes prêts ?

Voici les 6 étapes à suivre pour manger votre crapaud et mettre fin à la procrastination du créa

1. Choisissez votre crapaud : c’est une des taches importantes et non urgentes de la matrice Eisenhower. Vous voyez bien de celles dont je vous parle : celles que vous reportez toujours, celles pour lesquelles vous ne vous sentez jamais prêt, celles auxquelles vous résistez mentalement depuis longtemps. Prenez un de ces crapauds.

2. Préparez-vous à le terminer en maximum 4 heures. L’idée est de le barrer de votre To-Do liste avant le déjeuner. Mais pour cela, faites en sorte qu’il soit clairement défini et réaliste en terme de temps.

3. Si nécessaire, divisez-votre crapaud en plusieurs taches plus petites. Par exemple, soyez réaliste, vous n’écrirez pas le premier draft de votre roman en 4 heures, ni le traitement de votre scénario d’ailleurs. En revanche, vous écrirez peut-être les 5 ou 10 premières pages.

4. Résistez à la tentation de planifier à l’avance. L’intérêt de la méthode eat that frog, c’est de commencer avec un crapaud tout frais chaque matin. Déjà avaler un crapaud c’est pas cool, mais si en plus vous vous resservez le même tous les matins… Cette méthode tient compte en effet de la difficulté que vous avez à planifier dans le futur de façon réaliste et des changements éventuels de priorité en cours de route. Contentez-vous donc d’une planification au jour le jour et d’un seul crapaud par jour, que vous ferez varier en fonction des priorités en cours.

5. Définissez votre crapaud la veille au soir et tenez-vous à ce crapaud. Le délai est suffisamment proche pour vous permettre de le planifier de façon réaliste, mais encore assez éloigné pour éviter une quelconque résistance mentale à la tache décidée.

6. Manger votre crapaud le matin à la première heure. Asseyez-vous à votre bureau face à votre crapaud et Bon appétit ! Pas facile, mais surtout n’envisagez pas de jeter un oeil aux réseaux sociaux, à vos mails, refusez les réunions ou les coups de fil intempestifs. Vous ferez toutes ces autres taches, après avoir terminé votre crapaud et pas avant. D’ailleurs, il est fort possible que le moment venu, ces petites taches ne soient plus aussi pertinentes à faire.

Attention ! Un crapaud doit représenter en moyenne 3 à 4 heures de travail. Et il est essentiel de n’en faire qu’un seul par jour et de le faire le matin à la première heure.

Les avantages de la méthode en 3 points

  • Vous gagnez en confiance pour le reste de la journée et pour les jours d’après. Oui, forcément, quand on a fait le plus dur en premier, tout le reste est ensuite “easy peasy” (très facile). D’autant plus, qu’en général, une fois qu’on est allé au bout du crapaud du jour, on ressent à juste titre un véritable sentiment d’accomplissement et ça, ça aide à faire remonter en flèche le taux de dopamine (a.k.a l’hormone du bonheur).
  • Vous profitez des heures les plus productives de la journée pour “avaler votre crapaud”. Et vous gardez les heures où vous êtes moins efficace pour les taches moins exigeantes intellectuellement.
  • c’est ultra simple à appliquer et très flexible. N’importe qui peut l’utiliser, avec un minimum de temps et d’attention.

Les inconvénients de la méthode en 3 points

  • Vous êtes résistant aux listes, ça va être compliqué. Car, pour pouvoir décider de son crapaud, il faut au préalable avoir réfléchi aux projets qui seront importants pour vous. Et l’étape nécessaire pour y arriver c’est … la TO-DO liste. Dommage.
  • Si vous n’êtes pas du matin, ça va être compliqué aussi. Mais peut-être pourriez-vous envisager d’adapter la méthode eat that frog en fonction de votre propre chronotype (horloge biologique). Vous ne le connaissez pas ? J’en parlerai dans un prochain article.
  • Toutes vos matinées bloquées par un seul crapaud, cela manque de flexibilité, non ? Oui, parce que pour que cela fonctionne, il faut impérativement se couper de toute distraction pour se consacrer au crapaud le temps nécessaire. Et que fait-on des tâches urgentes et importantes de la matrice Eisenhower ? Attendez ! Ne feriez-vous pas un peu de résistance mentale ?

ASTUCE ! Comment contourner votre résistance pour avaler ce crapaud ? Essayer peut-être d’identifier les raisons de votre résistance : est-ce, parce que vous pensez ne pas avoir les capacités, l’information, le temps nécessaires ? Ou bien, trouvez-vous la tache rébarbative ou non pertinente ? Ou encore, avez-vous peur d’échouer, d’être critiqué, d’être rejeté. En fonction de la réponse à ces questions, il vous sera ensuite plus facile de réfléchir à une solution pour contourner cette résistance. Go, Go, Go !

Alors, prêt à avaler ?

D’accord mais avec du sel et du poivre. En d’autres termes, je pense que pour appliquer cette méthode et qu’elle puisse marcher, elle nécessite malgré tout une adaptation. Nous sommes tous singuliers.

Essayez la méthode “Eat that frog”. Après tout, si comme moi, vous êtes sujet à la procrastination du créa, que risquez-vous ? Suivez les 6 étapes pendant quelques jours. Si cela fonctionne, continuez ! Sinon, adaptez les étapes… ou alors, passez à une autre méthode !

Commencez votre journée par la tâche la plus importante et la plus difficile (votre Crapeau), celui que vous avez tendance à repousser. En mangeant votre “crapeau” le matin à la première heure, vous aurez peut être une chance d’améliorer votre productivité et de vous débarrasser de toute cette angoisse liée aux tâches que vous fuyez, alors qu’elles sont si importantes.

Carte memo eat that frog avec 3 points à valieder
Carte mémo pour vos premières expériences Eat That Frog

N’hésitez pas. Partagez avec moi votre première expérience Eat that Frog en commentaire ! Vous pouvez aussi télécharger un template de cette carte mémo dans DOWNLOAD, pour noter votre expérimentation.

On se retrouve pour mon prochain article ? Je vous dirai si la méthode “eat that frog” m’aura permis de dire adieu à la procrastination du créa. En attendant, bon courage et bon appétit 🐸 !

2 commentaires

  • David

    une méthode intéressante à tester.
    Bon, le crapaud fait un peu peur à avaler (c’est gros, gluant et en plus, il bouge) mais l’idée d’organisation est de commencer par la tâche la plus rude , j’aime bien, au moins, ça, c’est fait.
    et c’est capital de trouver des moyens de lutter contre la procrastination (consciente et inconsciente), qui nous tient au corps.
    Merci pour cet article (et pour els anciens, fort instructifs).

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